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Le blog de la Fondation David Parou Saint-Jacques

Commenter l'actualité des chemins de Compostelle et informer les pèlerins. Sortir des clichés et quitter les sentiers battus pour donner une nouvelle vision de Compostelle. Montrer les origines du pèlerinage contemporain.

Marcher avec un âne ...

Publié le 15 Décembre 2008 par Ferpel in Les conseils de Pierre

Conseils donnés par Pierre à un futur pèlerin hésitant à partir avec un âne.

Il ne faut pas avoir peur pour l'âne, c'est plutôt lui qui vous crèvera si vous prenez soin de le faire reposer et brouter régulièrement. .. et vous aurez en plus le plaisir d'avoir accompli une grande chose... avec Compostelle au bout...
 
Je suis parti de chez moi et suis arrivé deux mois après à Compostelle.  Sur les chemins de campagne, mon âne marchait en liberté derrière moi. (en montagne souvent devant... J'étais trop lent pour lui) Il faut vous mettre dans la tête que vous êtes son seul point de repère. Il ne vous quittera pas des yeux. Il pourra s'arrêter de ci de là pour brouter mais dès que vous  serez un peu loin, il vous rattrapera en courant. Résultat, il marchera à votre vitesse entre 4.5 et 5 km/h. alors que si vous le tenez à la longe, vous serrez obligé de marcher à son pas et de vous arrêter chaque fois qu'il voudra brouter ou voir quelque chose qui l'intéresse dans la nature... soit environ 3 km/h... De plus, , il sait très bien que c'est vous qui avez les cartes et la boussole... Donc sans vous il est perdu...
 
Bien entendu, la première fois que je l'ai lâché, je n'en menais pas large mais ça a marché.
 
Je le prenais à la longe sur les routes où il y avait quelque circulation et naturellement en agglomération. Je le tenais au licol...
 
Je vous conseille de lire les livres de Jacques Clouteau, qui m'avait donné ce conseil de le lâcher, car il a fait des milliers de kilomètres dans toute l'Europe avec son âne Ferdinand avec cette façon de faire.
 
Il faut bien se dire qu'un âne n'est pas une machine dans laquelle il suffit de tourner la clef et de partir. Il faut apprendre son caractère, lui montrer que c'est vous le chef et pas lui, sans pour autant le brutaliser. il faut être à l'écoute de ses besoins. Ses yeux, ses "gestes" parlent, il faut savoir les décrypter. Il doit y avoir une grande complicité entre vous et lui. L'âne n'a pas demandé à faire du long cours, même s'il est content de marcher. .. Il faut s'en occuper, on est responsable de lui.
À l'étape, même si vous êtes très fatigué, que vous avez les pieds en ruine vous n'avez pas le droit de vous occuper de vous avant qu'il ne soit en sécurité prêt à passer sa nuit tranquille. C'est lui qui a la priorité. Vous vous occuperez de vous ensuite.
Il faut le brosser matin et soir pour s'assurer qu'il n'a pas de blessure, et de plus, il aime ça.
lui donner à boire matin et soir, voire plus par grande chaleur. J'avais une cuvette que je lui proposais.
Chaque fois que je m'arrêtais pour me reposer, je le débâtais. Il avait droit lui aussi à se reposer... et je m'arrêtais là où il pouvait brouter tranquille. Souvent, il préférait l'herbe sèche du bord du chemin plutôt que l'herbe verte que j'avais cherché...
Pour la nourriture, il se débrouille tout seul sur la route... il marche dans son assiette.
Il n'a mangé que 5 kg d'orge en allant à Compostelle. (une poignée chaque matin... ) Mais les pèlerins lui donnaient souvent du pain, ou il allait le chercher tout seul dans les sacs... .
 
Je trouvais tous les soirs un lieu où il pouvait brouter et dormir tranquille. Si je n'avais rien trouvé à manger pour la nuit, ç'est arrivé en ville, je m'arrêtais le matin pendant une heure ou deux pour le laisser brouter dans un endroit idoine.  Il fallait bien qu'il déjeune. Ensuite, pas de problème, il suivait.
 
Chaque fois que je m'arrêtais dans un bistrot ou autre, je le mettais à l'ombre et lui proposais de l'eau à boire que le plus souvent il refusait, sauf par les très grandes chaleur.
 
Son chargement n'était pas trop lourd. Je transportais ce que j'aurais transporté dans mon sac plus quelque nourriture nouilles riz sardines pâté, petit gaz, quelques gamelles une assiette verre bol une tente igloo 2.5 m x 2.5 m et les duvets et un petit matériel pour son entretient : brosses cure pied, chasse mouche, liquide antiseptique...
Au total, harnachement compris, il ne devait pas avoir plus de 70 kg. alors qu'il aurait pu en porter aisément plus de 120...
 
Au départ, je lui avais gardé ses ongles assez longs, ce qui fait qu'il a marché pieds nus. Lorsque ses sabots se sont usés, je les ai fait ferrer. et j'avais fait mettre sur ses fers de pointes au carbure de tungstène. (ça dure plus longtemps. )
 
Voilà. Je suis prêt à répondre à d'autres questions si vous en avez...
 
Je vous envoie les fiches qui servent à préparer un pèlerinage.
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